Merci les Schtroumpfs.

C'est un puzzle.

Je le vois immense et mouvant. Un assemblage aux nuances d'ombres et de teintes, ses dégradés, ses détours, en font un objet curieux, indéterminé, flottant.

Je parle du grand puzzle de la vie.

Le jeu commence si tôt. 

Je joue avant même de savoir qu’il y a un jeu. 

Chaque jour depuis le premier souffle, une pièce tombe, surgie de l’éther, et se dépose — avec souplesse ou fracas — selon l’humeur du monde. 

Je me revois, enfant, devant cette boîte qui sent le carton. 

Un de mes préférés : les Schtroumpfs qui construisent un pont de bois.

J’aime les détails qui lui donnent vie : l’aspérité des madriers, les mimiques malicieuses, les couleurs sorties d’une palette de gouache d’écolier.

Et puis ces pièces, tantôt rebelles, tantôt dociles, parfois fourbes quand elles refusent leur place.

Ou quand je m’entête à vouloir qu'elles s’assemblent. 

La satisfaction de ce petit “clic” sec, quand deux pièces s’emboîtent. 

Un son minuscule mais annonciateur. 

Comme une promesse. 

Celle des Schtroumpfs qui bâtissent leur grand œuvre, pour ma plus grande joie.

Quelques décennies plus tard, je reconnais ce même bruit dans ma vie.

De ci, de là, les pièces s’assemblent. 

Et d’un chaos insignifiant surgit l’ordre d’une image. 

L'idée de l'avenir est plus féconde que l'avenir lui-même. — Henri Bergson

La magie du puzzle de la vie, c’est que l'on façonne l'image que l'on poursuit.

Il y a beaucoup de pièces dont on ne sait pas quoi faire quand on les reçoit.

Suivez votre joie. 

Elles trouveront leur place.